Chanter avec le ventre DANGER

Bonjour c’est Gilles Pesnot, l’Alchimiste de la voix,

Dans cette série d’articles, je continue de partager avec vous mes découvertes, mes avancées, ma compréhension du fonctionnement du souffle et de la voix.
Aujourd’hui, je voudrai parler avec vous d’un sujet qui me fait de la peine. J’ai commencé à l’aborder dans mes livrets de formation, mais il semblerait que je ne sois pas aller assez loi, car j’ai reçu beaucoup de questions à ce propos.
Il s’agit de cette fameuse petite phrase que vous avez tous, bien sûr, entendu au détour de la lecture d’un livre ou d’un blog, au cours d’une discussion entre amis, à la chorale, pendant un cours de chant, de yoga ou de sophrologie : cette petite phrase, ce théorème absolu, cette maxime érigée en lettre d’or : Il faut respirer ou chanter avec son ventre !!!!

Lorsque le dire ou l’écrire ne suffit pas, les personnes bien intentionnées joignent des exercices ou des trucs à réaliser pour mettre en œuvre ou réaliser cette respiration dite : diaphragmatique ou abdominale.
Ainsi en faisant une petite recherche très courte sur internet, j’ai trouvé toute une série de conseils, en voici un tout petit florilège :

« Imaginer que votre ventre est une cabine d’ascenseur qui monte et qui descend, Lorsque vous inspirez, gardez votre thorax plat, et gonflez votre ventre comme pour faire descendre la cabine d’ascenseur le plus bas possible.. »

« Inspirez doucement l’air par le nez en gonflant le ventre comme un petit ballon, Expirez doucement l’air par la bouche, en abaissant le ventre comme pour le rentrer à l’intérieur de votre corps. »

Je me rappelle aussi de ce livre, écris par un professeur de chant très sérieux et diffusé à des milliers d’exemplaires qui proposait de s’allonger sur le dos, de poser un livre sur son ventre et de le soulever à l’inspire.

On vous dit également que pratiquer cette respiration vous apaise et vous calme immédiatement. On vous dit par exemple de la pratiquer avant un rendez-vous important pour calmer votre stress ou votre anxiété. Et bien je peux vous dire que pendant toutes ces années ou ma respiration était bloquée et pendant lesquelles en conséquence, ma vie était extrêmement agitée, je n’ai jamais réussi à me calmer ou à m’apaiser avec ce type de conseil, absolument jamais, et ceci pour la bonne raison que les effets obtenus sont exactement contraire aux effets recherchés, voire même désastreux sur le long terme.
Avant d’aborder le fond du sujet, je dois préciser ceci : demandez ce que vous voulez à un gros bébé qui à bien grandi et il le fera. Si quelqu’un s’est construit avec bonheur, est passé entre les gouttes de l’éducation, des bobos petits ou grands que tout enfant en construction ne manque pas de rencontrer sur son chemin, alors, il suivra ou pas n’importe quels exercices ou recommandation et la mettra en œuvre de manière juste et équilibrée. Maintenant, je suppose que si vous lisez cet article, c’est que ça n’est pas tout à fait le cas n’est-ce pas ? C’est que vous sentez que quelque chose vous bride dans votre souffle ou votre voix. Alors écoutez attentivement ce qui suit.

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Qu’il y t-il donc de problématique avec tous ces conseils et ces exercices ?

En premier lieu, quel que soit finalement la pertinence ou non de ces conseils donnés, ils sont mis en œuvre par celui qui les reçoit à la manière dont il aborde sa vie et dont il s’utilise au quotidien d’une manière générale. Si la personne est quelqu’un de nerveux ou de tendu alors elle mettra en œuvre les solutions dans ce paradigme de tension et de nervosité. Si la personne à l’habitude de faire les choses en force, elle réalisera l’exercice en force et ainsi de suite….
Si cette respiration n’est pas naturelle chez quelqu’un, c’est que quelque chose l’en empêche, c’est déréglé, c’est contracté ou rétréci. Si le diaphragme et la cage thoracique étaient naturellement souples et détendus, cette respiration serait déjà en place.

Donc en suivant des conseils voici ce qui se passe:

Le diaphragme va effectuer un mouvement en force, à partir d’un schéma intellectuel qui a été « implanté ». La personne s’est, selon les mots et les images véhiculées par les conseils, déjà fait une représentation mentale et intellectuelle du mouvement et de ce qu’elle doit obtenir comme résultats. Il est dit qu’il faut que le ventre se gonfle d’accord ? Donc nous allons gonfler le ventre à l’inspire. Dans le meilleur des cas, les personnes vont donc contraindre leur diaphragme à effectuer un mouvement vers le bas. Dans de nombreux cas, elles vont aussi et dans le même temps, mobiliser les muscles abdominaux pour gonfler artificiellement leur ventre, bloquant en fait la mobilité du diaphragme.
De toute façon le résultat est désastreux, car prenons l’exemple dans lequel la personne va faire descendre artificiellement son diaphragme en force.

Suivez-moi bien :

Si je veux pousser par exemple une porte lourde ou récalcitrante, observez ce qui se passe : je pousse la porte avec ma main. La poussée est transmise à mon bras et l’ensemble de mon corps. Si mon poids n’est pas suffisant pour absorber la poussée, que se passe-t-il ? Il me faut un point d’appui pour résister à la poussée, quel est-il ? Ce sont mes pieds qui prennent appui dans le sol. La tension de ce geste se répercute donc bien dans tout le corps, de la main au pied. Donc pour effectuer un mouvement ou exercer une poussée, il me faut un pont d’appui, vous me suivez ?Si je force mon diaphragme à descendre sur quoi s’appuie-t-il, quels sont ces points d’appui ?

Répondez à cette question et vous comprendrez très rapidement le problème.

En obligeant le diaphragme à descendre les personnes, tirent et tractent entre autres toute la cage thoracique vers le bas et la bloque, la verrouille, lui faisant perdre petit à petit sa mobilité. Ors c’est tout le tube qui doit respirer et s’ouvrir, des clavicules au périnée. En fermant la cage thoracique, c’est toute la statique de la personne dont l’équilibre est compromis. Nous respirons environ entre 15000 et 25000 fois par jour.

Alors imaginez les conséquences d’un mauvais geste sur les personnes qui ont artificiellement mis en place cette respiration ; plus ou moins en force, plus ou moins longtemps, plus ou moins souvent ?
Notre schéma pédagogique occidental est défectueux, car il privilégie l’intellectualisation, préalablement à l’expérience. Entre ce que l’enseignant veut faire passer, ce qu’il dit, ce que l’élève entend, ce qu’il formalise intellectuellement et ce qu’il met en œuvre, les possibilités de distorsions du message sont énormes et conduisent à une mauvaise mise en œuvre des processus.

Expérience, ressenti…. analyse

Ma méthode privilégie, l’expérience, puis le ressenti et enfin à postériori la réflexion. De cette manière l’intellectualisation préalable du processus ne corrompt pas l’expérimentation et laisse la place à l’expérience initiatique. Pour résumer cette pédagogie en quelques mots, c’est se cogner 10 fois la tête dans le mur pour découvrir la onzième fois qu’il y une porte ouverte juste à côté. Mais ces 10 erreurs sont nécessaires pour que l’élève trouve SA porte, SA solution. L’enseignant est là pour guider et favoriser l’expérience, pas pour donner un mode d’emploi stérile, dont l’apprenti s’emparera de manière presque systématiquement déformée. En agissant ainsi, l’apprenti trouve SA solution au lieu d’appliquer une recette toute faite.

Mes programmes de formation

Retrouvez mes différents programmes de formation en suivant ce lien:
Tout savoir sur les formations

Voilà, c’était Gilles Pesnot l’alchimiste de la voix et je vous retrouve dans quelque temps pour un nouvel article.
A bientôt,

Gilles